Au moment d’écrire ces  lignes, j’arrive d’un voyage de pêche, le CH vient de se faire voler leur 4e match et je suis exténué.

Mon chez-moi est sans dessus-dessous dû aux préparations de mon voyage et rien de ce que j’ai apporté (équip.de pêche, glacières, sac de couchage, etc.) n’est encore placé. J’ai tout juste une petite « trail » pour me déplacer de la cuisine au salon. Les nuits de sommeil ont été courtes avant mon départ, la préparation et l’excitation occupant toute la place dans mon esprit. L’idée d’attraper une ouananiche de 10lbs est toujours présente et l’espoir d’en attraper une encore plus grosse l’est tout autant.

Pour cette petite expédition s’étaient joints à moi Serge Pitre (Mr. Alose!) pour une 2e année consécutive et Martin Lessard, un très bon pêcheur de maskinongé dont la réputation n’est plus à faire. Pour Martin, c’était une première à la ouananiche. Jean-Charles, un de mes grands « chums » de pêche depuis toujours, et son beau-père partageaient le camp avec nous. De leur bateau, eux-aussi tenteraient leur chance pour la grosse ouananiche et nous travaillâmes tous en équipe pour trouver le « pattern » le plus tôt possible.

Avec le temps qu’il faisait, on ne pouvait souhaiter mieux et le « timing » était parfait. Comme le lac n’avait pas « callé » la 1ère fin de semaine de l’ouverture de la pêche aux salmonidés, on pouvait espérer qu’il ait resté assez tranquille jusqu’à notre arrivée le samedi suivant. Avec les températures largement au-dessus des normales de saison, en fait, je devrais plutôt dire, avec la canicule que nous vivions avec ce printemps qui n’est jamais arrivé, je me disais que nous étions pour vivre une frénésie comme jamais.

Voici comment s’est déroulé notre « trip » de ouananiche. Ce ne fut pas tout à fait la frénésie que j’avais anticipée…

Réservoir Kiamika

Beau mais un peu trop calme…

Il fait beau, il fait chaud. Chaque matin, nous avons droit à tout un spectacle : des milliers d’outardes survolent le lac en direction du Grand Nord. S’ajoutent à celles-ci, les sternes qui s’amusent à attraper de l’éperlan entre 2 chants de huard. Que demander de plus? Je suis en bonne compagnie, la vie est belle.

Ouananiche à la traîne

Une belle première pour Martin!

Pourtant, les heures s’écoulent, les journées passent et nous sommes loin de vivre  la frénésie souhaitée. Mise à part Martin qui a cassé la glace la première journée avec une 2lb et qui s’est même permis une 4.75lbs en plus d’une autre petite au deuxième jour, on ne peut pas dire que c’est le Klondike. D’ailleurs, je suis bien content pour lui, car il ne passe que 2 journées avec nous, travail oblige. En fait, c’est le calme plat pour tout le monde. À notre défense, l’absence de vent, depuis que le lac a « callé », nous complique vraiment la vie. Le lac ne s’est pas encore nettoyé de toutes les feuilles, branches et autres débris qui devaient y avoir sur la glace les semaines auparavant. Résultat, on passe le trois quart de notre temps avec une feuille sur nos leurres et des bas-de-ligne à refaire trop souvent.

Mon  « pattern » de début de saison ne fonctionne pas. Le poisson a tendance à se tenir loin des structures, comme c’est souvent le cas lors de longues périodes ensoleillées sans vent. En fin d’après-midi, mon sonar indique une température de surface qui grimpe jusqu’à 68 degrés. Certains pêcheurs, dont un particulièrement qui pêche au downrigger!, vont même jusqu’à augmenter de beaucoup leur vitesse  de traîne, se disant probablement que cette hausse de température augmentera le niveau d’activité du poisson. Après vérification avec mon thermomètre électronique, la température chute à 55 au 1er pied et 50 au 2e.

D’ordinaire mon plan de match aurait été de me faufiler entre les roches en collant la berge. Encore faut-il qu’il y ait quelque chose qui les attire là. Le soleil plombe tellement fort qu’il semble empêcher toute forme d’éclosion qui pourrait attirer les ménés, attirant, à leur tour, les ouananiches qui pourrait profiter de cette température d’eau de surface plus confortable.

Sur le sonar, les seuls poissons susceptibles d’être des ouananiches, évoluent dans une douzaine de pieds d’eau au large, au-dessus des bancs d’éperlans qui sont dans 55 pieds d’eau.  Probablement qu’elles ne sont pas très actives mais il y en a peut-être en surface qui le sont. Chose impossible à voir sur le sonar. Quant à celles évoluant près du fond, je n’en tiens pas compte.

Je décide donc de persévérer de cette façon et à vitesse assez lente, ayant eu, par le passé, un certain succès avec cette méthode lors de crête de haute pression. Comme le poisson semble concentré dans un endroit précis, je passerai donc mes 4 journées à faire et  refaire sans cesse le secteur dans le but de profiter de la moindre période d’activité. Quand la pêche est difficile, ça ne donne rien de « courir » d’un côté à l’autre du lac. Mieux vaut concentrer ses efforts là où l’on a eu du succès et qu’on sait qu’il y a du poisson. Ainsi, on peut essayer différentes combinaisons de présentations. Comme Martin les avait toutes attrapées sur le même streamer et que les ouananiches étaient toutes assez engourdies lors des combats, on avait déjà une bonne idée…

Je pense bien que ma stratégie s’est avéré la bonne, car à ma connaissance, nous sommes le seul bateau capturant ses ouananiches tous les jours.

Pour vous signifier à quel point la pêche est difficile, outre le fait que l’on se sent comme des petits poulets cuisant lentement au soleil, le poisson semble carrément inactif. Quand il l’est, ce n’est que pour une très brève période et quand il se décide à s’en prendre à un de nos leurres, il le fait qu’avec une légère pression sans vraiment dérouler nos soies. C’est un comportement vraiment inhabituel. Lors d’une attaque, la ouananiche a tendance à dérouler aussitôt plusieurs dizaines de pieds de soie avant de faire quelques acrobaties aériennes. Il faut croire que la température de l’eau et le temps, qu’on peut qualifier assez extrême pour la saison, semble atténuer de beaucoup son tempérament bagarreur.

Quelques très bons guides, qui pêchent régulièrement ce plan d’eau, sont là en même temps que nous. Je ne les connais pas personnellement, mais je les croise assez souvent un peu partout. À part nous, un seulement sur 4 réussit à déjouer quelques ouananiches dans les trois premiers jours, 2 sont partis et à la 4e journée, par contre, nous avons tous quand même bien fait. Il est important de mentionner que ces pêcheurs figurent parmi les meilleurs pêcheurs de ouananiches que je connaisse. Mon ami JC, qui est un excellent pêcheur et qui pourrait être guide lui-même avec l’expérience qu’il a, passe les 3 premiers jours sans aucune touche. Laissez-moi vous dire que c’est avec grand soulagement que les premières ouananiches ont été accueillies. Il faut dire qu’il s’est très bien repris en fin de voyage!

Quand la pêche est à ce point difficile, ce n’est pas toujours une question de quantité ou de qualité, parfois le réel défi est de réussir  tout simplement à en prendre une. Qu’on soit guide ou pas, et malgré toute l’expérience qu’on peut avoir avec le temps passé sur l’eau, à la pêche, jamais rien n’est garantie. Comme pêcheur, nous faisons face à une quantité infinie de variables qui peuvent influencer le cours des choses et il n’est pas toujours facile de s’y adapter. Cette température extrême que nous avons connue, je n’en avais jamais vécue aucune du genre…en tout cas, pas tout de suite après que le plan d’eau se soit  libéré de ses glaces. Je n’ai peut-être pas attrapé mon trophée de 10lbs, mais tenant compte des conditions, je peux dire mission accomplie!

Ouananiche à la traîne

Une p’tite ouananiche pour le lunch!

Pour les amateurs de statistiques, Martin en a attrapé 3 : une petite,une de 2lbs et une de 4.75lbs. Serge, de son côté, attrapa une de 5lbs, moi-même une petite et une de 7.5lbs. Jean-Charles, une fois sa période creuse passée, s’est bien repris avec 3 ouananiches au 4ejour : 3.5, 4.5, 5.5lbs et  s’est payé la traite à la 5e journée avec une 3lbs et une 7.8lb … question de me faire regretter de ne pas être resté moi aussi une journée supplémentaire. Quant à son beau-père Léo, il n’en a peut-être qu’attrapé une de 2lbs, mais disons qu’il s’en était donné à cœur joie l’an passé, voyage pendant lequel il attrapait ces ouananiches avec une facilité déconcertante.

En conclusion, j’allais oublier notre fameux pêcheur à qui je lève mon chapeau et pour qui c’était une première sur ce plan d’eau. Je fais référence ici au gars, que j’ai mentionné plus haut dans mon article, qui pêchait à la traîne à haute vitesse au downrigger. Croyez-le ou non, il a attrapé une 8.5lbs!

La morale de cette histoire : essayez, expérimentez, soyez persévérant, mais par dessous tout, ayez confiance en ce que vous faites.

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