Dimanche dernier, c’était enfin le moment tant attendu : ma première sortie de pêche en bateau de l’année. J’avais vraiment hâte. On dirait que cette année, l’hiver ne voulait tout simplement pas finir. Avec les conditions météo annoncées et le vent du nord qui soufflait depuis deux jours, je ne m’attendais pas à grand-chose. On savait qu’on n’avait pas les meilleures conditions. C’était une des rares journées où le vent nous permettait de sortir – et encore là, c’était limite. On a pris une chance en espérant que ce serait un peu moins pire que prévu.
À notre arrivée, ce n’était pas chaud, et on a rapidement compris que ça n’avait pas été facile pour tout le monde : on a croisé au moins six bateaux qui quittaient déjà le plan d’eau. De notre côté, on était là, et honnêtement, c’était surtout une sortie pour tester mon équipement et m’assurer que tout fonctionnait bien, question de partir ma prochaine saison de guidage du bon pied.
Comme je m’en doutais, il y avait très peu de différence de température entre l’eau teintée et l’eau claire : seulement trois degrés. Je ne m’attendais pas à me faire arracher la canne des mains… À 36-39 °F, nos grisettes sont pas mal engourdies.
Cela dit, j’ai décidé d’explorer une section d’un secteur que je pêche rarement, mais qui me semblait prometteuse. Le vent du nord retenait une poche d’eau teintée devant une pointe avant qu’elle ne se déverse dans le bassin principal. Cette poche offrait une eau légèrement plus chaude que partout ailleurs, ce qui en faisait un bon point de départ.
Le début a été plutôt tranquille. J’ai eu une première attaque, mais comme souvent après un front froid, les truites mordaient du bout des lèvres. Elle ne s’est pas piquée.
Puis, j’ai eu une deuxième attaque, et là… ce fût toute une attaque. J’ai tout de suite senti les violents coups de tête. Dès les premières secondes, j’ai su que j’étais aux prises avec un gros poisson. Le poids, la manière dont il se débattait…pas de doute, c’était une très grosse truite grise.
Pas facile à gérer : il fallait maintenir une bonne pression sur le poisson, ramener ma deuxième canne (on a droit à deux sur le Champlain côté US), garder le cap malgré le vent et les vagues… tout ça sans trop forcer la truite. Je l’ai tenue un bon moment, et lorsque j’ai senti qu’on pouvait la rapprocher, j’ai mis le moteur au neutre pour dériver et réduire la distance. Mais avec le vent de face, c’est toujours risqué : dès qu’on arrête d’avancer, le bateau peut pivoter, et ça, c’est le genre de truc qu’on veut éviter.
La truite est finalement apparue près du bateau, mais elle était encore trop loin pour passer au filet. On a vu son flanc et sa bedaine – c’était une très grosse truite grise. Je ne veux pas avancer de chiffres, car dans l’eau, elles paraissent toujours plus grosses, mais une chose est sûre : ce n’était pas une 12-15 lb. J’en ai pris assez pour savoir les reconnaître. C’était plus gros. Combien plus? On ne le saura jamais. Malgré toutes les précautions, elle s’est décrochée. Vraiment décevant, mais ça fait partie de la « game ». Ça commençait mal la journée…
Comme je le dis souvent à mes clients : on pèse sur le piton reset et on continue. Se laisser décourager par un poisson manqué, surtout un trophée, c’est la meilleure façon de gâcher le reste de la journée. Et pire encore, de faire des erreurs. Alors, on respire, on ravale notre frustration, et on repart.
On a refait quelques passes. Moi et Raymond avons chacun pris une truite grise, puis on a décidé de se diriger vers le secteur que je fréquente habituellement.
Étant donné la faible différence de température entre l’eau du plateau et celle du bassin, je me suis permis de pêcher un peu plus creux. Peut-être que c’est le soleil qui a fini par percer et qui a stimulé un peu les poissons, mais on a commencé à avoir plus d’action, de façon régulière.
En eau claire, la ligne plombée avec un Yo-Zuri Crystal Minnow couleur éperlan faisait le travail. Mais c’est à la limite entre l’eau claire et l’eau teintée qu’on a eu le plus d’action. À ce moment-là, c’est sur ma canne à crankbait, avec mon Crystal Minnow Deep Diver de couleur Hot Tiger, que j’ai eu le plus d’action. J’utilisais des leurres légèrement plus petits que d’habitude, ce qui a peut-être aussi fait la différence.
Raymond, de son côté, en a profité pour tester de nouveaux poissons-nageurs et cuillères. Certains se sont révélés très efficaces.
Au final, on a capturé une douzaine de truites grises. Ce n’est peut-être pas la pêche exceptionnelle que le lac Champlain peut offrir, mais compte tenu des conditions, je suis quand même satisfait. J’ai vu bien pire.
Et pour clore le tout, on a eu droit à une belle fin de journée ensoleillée – ça aide toujours à finir sur une bonne note.
J’y retourne cette semaine. Avec la température de l’eau qui commence enfin à grimper, j’ai de bonnes attentes cette fois-ci.
Fish-On!