Il fut une période, il y a de ça quelques années, où j’écrivais des articles pour Aventure Chasse & Pêche. Évidemment, j’ai écrit sur les différentes espèces pour lesquelles je guide et que j’affectionne particulièrement, mais j’ai aussi écrit un article sur la pêche au doré, plus spécifiquement celle d’automne. Je me souviendrai toujours de la réaction de Pascal Blais, rédacteur en chef à l’époque : « T’es bien certain que tu veux écrire ça ? ».

C’est que dans cet article, qui expliquait comment prendre des plus gros dorés l’automne, j’avouais ne jamais avoir sorti, ne serait-ce qu’une seule fois, mon équipement conventionnel pour le doré. Les 15 années qui avaient précédé la sortie de l’article en question, je n’avais pêché qu’au maskinongé sur le Fleuve St-Laurent.

Il avait peur que mon article manque de crédibilité à cause de cette déclaration. Mais j’avais insisté, et comme je capturais malgré tout ma part de gros dorés chaque année, ce n’était pas quelque chose qui me dérangeait qu’on ébranle ma crédibilité. Les preuves étaient là, à chaque automne je prenais des gros dorés. De toute façon, ce n’était pas pour me faire flatter l’égo que j’écrivais, mais pour le plaisir de partager mes connaissances avec d’autres pêcheurs. Ça faisait longtemps que j’avais réalisé qu’on avait intérêt à pêcher avec de plus gros leurres l’automne et je voulais sensibiliser les pêcheurs à percevoir les choses différemment. Pascal avait quand même publié l’article, mais je sentais toutefois un certain scepticisme de sa part.

Puis un jour, je l’ai invité dans mon bateau, ainsi que Denis Lapointe qui était le propriétaire d’ACP à cette période-là. Nous avions fait toute une pêche cette journée-là. Et quand je dis toute une journée, je ne parle pas uniquement du résultat de pêche, qui était plus que satisfaisant, mais aussi de la durée de la journée. Au départ, nous avions prévu faire de la pêche au maskinongé la première journée et de la pêche à l’esturgeon le deuxième jour. Cependant, à cause des forts vents prévus le lendemain, nous avions décidé de tout faire la même journée : musky de jour et esturgeon de nuit !

Tout ça pour dire que, durant la période de la journée allouée au maskinongé, devinez quoi ? Pascal a attrapé un doré aux alentours de 5lbs sur un leurre à musky, et je peux vous assurer que nous n’allions pas à pas de tortue puisque la vitesse de traîne au musky l’automne, est de 2 à 3 fois plus rapide que celle pour le doré. Lors de cette capture, ce fût plus fort que moi de regarder Pascal avec un grand sourire et lui dire : « J’te l’avais dit qu’on prenait souvent des dorés sur les leurres à Musky !».

Depuis, rien n’a changé. Je continue toujours de prendre des dorés sur des leurres à musky, et ne vous détrompez-pas, ce ne sont pas toujours des trophées. Je ne suis pas en train de vous dire de commencer à pêcher le doré avec des leurres à musky, mais juste de vous motiver à pêcher avec de plus gros leurres l’automne. N’ayez pas peur de donner une chance à vos plus gros crankbaits de 5 pouces et plus. On prend des dorés sur des leurres à musky qui font jusqu’à 10 pouces de longueur ! Croyez-moi, ce n’est pas un problème pour eux de s’attaquer à un leurre de 5, 6 voire même 7 pouces de longueur. Selon moi, quand l’eau refroidit l’automne, plusieurs gros dorés préfèrent s’en prendre à une grosse proie que de perdre de l’énergie à chasser plusieurs petites. Ces derniers temps, c’est presqu’à chaque sortie que nous avons attrapé un gros doré (et je ne les cible pas!). Nous avons même pris un saumon Chinook, mais ça, c’est une autre histoire. Essayez cette tactique et vous m’en redonnerez des nouvelles !

Ah j’oubliais ! J’ai finalement sorti ma canne à doré sur le Fleuve. J’ai fait ça une fois, il y a 3 ans. J’avais fait une sortie au doré pour faire plaisir à une amie.  Ça ne faisait pas 5 minutes que j’avais mis mon nouveau Yo-Zuri couleur Chartreuse Tiger que je me faisais couper le fil…par un musky loll. Ce fût la seule fois où j’ai pêché le doré sur le Fleuve ces 23 dernières années.

 

 

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